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Pourquoi des semences bio ?

mardi 20 décembre 2016, par Evelyne

Dans le placard du jardinier amateur, même adepte de méthodes naturelles, la graine bio se fait généralement rare. Nous pensons que ce n’est pas la graine qui fait le légume bio mais tout l’art de celui qui la sème et la fait grandir. C’est un peu vrai. Et pourtant, c’est faux.

Deux arguments démontent ce raisonnement bien répandu dans l’opinion qui pourtant, ne tient pas techniquement.

• 1 - D’abord, une graine conventionnelle n’a rien à voir avec une graine bio. C’est peu connu mais la semence standard sort de labos et de firmes qui appliquent depuis longtemps et généreusement des techniques imaginées par le génie génétique et la science agronomique. Or cette graine-là, sélectionnée sur des critères de performance dictés par les seules lois de rentabilité, subit dès sa récolte des traitements chimiques, reçoit éventuellement des hormones de synthèse. Le porte-graine dont elle est issue est lui-même un modèle d’agriculture chimique. Emploi de défoliants, de pesticides, d’engrais de synthèse etc. Par comparaison, c’est un peu comme si on fabriquait dans des maternités détenues par des fonds souverains des bébés parfaits qui n’auraient plus rien à voir avec leur filiation ni avec les chromosomes de leurs parents, exempts de la moindre anomalie.

Les hybrides F1* sont issues d’un croisement de deux variétés distinctes (F1 signifie première génération). Cette hybridation donne généralement de meilleurs rendements que les anciennes variétés, présente une grande stabilité de forme et de couleur, elle rend souvent les légumes plus résistants aux maladies mais, revers de la médaille, la stérilité des graines empêche d’utiliser ses propres graines. Il faut donc chaque année en acheter de nouvelles.

Quant aux F2, elles ont perdues toutes les caractéristiques des plants mères car celles-ci ne sont pas inscrites dans leur patrimoine génétique.

• 2 - Le deuxième argument en défaveur des graines non bio, même si on n’est pas soi-même militant de la première heure, est plus politique.

Aujourd’hui, quatre ou cinq grands semenciers industriels dominent le marché mondial de la graine, c’est-à-dire qu’ils sont les instigateurs des futurs résultats de cultures dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Dans l’ordre, il s’agit des américains Monsanto et Pionneer, du suisse Syngenta et du français (premier pays agriculteur européen) Limagrain. Ces industries achètent massivement les brevets et deviennent propriétaires de variétés qui font qu’un jour nous devrons payer des royalties pour semer une vieille Saint-Pierre entre deux rangs de carottes de Colmar... Enfin n’oublions pas qu’on trouve chez ces leaders mondiaux la farouche volonté et surtout l’énorme capacité à diffuser les semences OGM à l’échelle planétaire. D’abord possible relais de croissance, celles-ci sont malheureusement devenues fers de lance et majoritaires dans de nombreux pays.

Voilà donc deux bonnes raisons de ne plus acheter des graines au supermarché ou à la super jardinerie. Préférez à cela, et de loin, des petites structures nées voilà une décennie ou plus qui s’échinent à produire de la graine bio comme le faisaient les paysans avant « la révolution agricole » ! En vrac, et sans exhaustivité, citons : Biaugerme, Essem’bio, Germinance ou l’association Kokopelli... Il s’agit d’associations, de coopératives de producteurs ou de groupements économiques qui, à chaque fois, tentent de produire le meilleur de variétés anciennes autant que nouvelles, avec des méthodes de culture douces, laborieuses et, contrepartie à assumer, coûteuses. Mais, nous ne sommes pas obligés de tout acheter. On peut faire soi-même une bonne partie de ses graines. Ce n’est vraiment pas compliqué, cela demande juste de prendre le temps de les récupérer au bon moment et de les stocker dans de bonnes conditions.

De plus, ces graines acquièrent une résistante naturelle qui ne peut s’approprier qu’avec le temps et ainsi s’inscrire dans le patrimoine du légume ou de la plante.

D’ailleurs, par expérience, si vous laissez vos salades monter à graine et se ressemer naturellement, les plans seront plus robustes que les semis que vous ferez vous-mêmes.

Le jardinage bio, c’est aussi opter pour la biodiversité, retrouver d’anciennes espèces locales et faire œuvre citoyenne en pérennisant des variétés en voie d’extinction.

*Il existe des semences bio F1. Production, production ! Le bio c’est aussi du marketing, et tant pis pour la biodiversité.